[ENVOYÉ SPÉCIAL] La Cité des Anges

Los Angeles et ses suburbs se dévoilent à travers les filets de nuages par le hublot : une maquette complexe, carrée et ordonnée, interrompue par de grands parkings et quelques terrains de baseball. J’aperçois déjà l’iconique signe HOLLYWOOD juché sur sa montagne au loin. Les trains d’atterrissage se déploient et le tarmac se matérialise sous les roues, qui se trouvent bien vite remplacées par celles de la voiture que je conduis sur les vallées californiennes.

HOLLYWOOD

Je roule sur Mulholland Drive et pense à David Lynch tout du long ; je serai en revanche bien plus prudent que les protagonistes du film. Le panneau HOLLYWOOD – pour « bois de houx » – me fait de l’œil à gauche, et je réalise à quel point ma culture cinématographique est imprégnée des films produits sur ces terres. Sur ma droite, les joggers matinaux sont en pleine ascension courageuse pour le Griffith Observatory. J’entends des américains de tous âges parler de Netflix, du dernier film des studios Marvel et d’une Amérique « great again ». Je ne peux que noter cette emphase, ce sens du drame que les américains distillent dans leurs conversations et leurs gestes, brouillant les frontières entre fiction et réalité. Au-dessus de nous, de nombreux avions et dirigeables quadrillent le ciel. Je redescends ; sur le bord des grands axes les énormes billboards m’invitent à regarder les dernières séries à la mode. Je rejoins un endroit tentaculaire à échelle non-humaine, dans lequel je passe inaperçu. Marchant sur les étoiles, j’en oublie de lever les yeux et manque de rater Superman et Spiderman qui se baladent sereinement sur le strip à la rencontre des curieux. Duo combo burger et milkshake au menu pour le déjeuner, je ne rechigne pas !

DOWNTOWN

L’État traverse un été soit très en retard soit trop en avance, le mercure affichant 30°C tous les jours. Sur l’autoroute à cinq voies, je découvre les bouchons de Los Angeles, qui ne sont pas qu’une légende. Cela me laisse un temps précieux pour réaliser la chance que j’ai d’être ici, la chance de voyager, de me perdre, de me retrouver en espérant une seule chose : que votre serviteur parvienne à vous embarquer un petit peu vous aussi, et… le trafic reprend. Je me gare à Olvera Street, une oasis mexicaine dans laquelle l’espagnol est la langue première. Des couleurs vives en pagaille avec une dominante de violet et Día de los Muertos en plein Downtown de Los Angeles. Il n’y a qu’un pas à faire pour se retrouver à Little Tokyo, qui comme son nom l’indique, est une version miniature de mon voyage précédent. La proposition culturelle dans ce cœur bruyant, compact et nerveux y est généreuse : de nombreux musées aux architectures extravagantes, du Walt Disney Auditorium au Musée d’Art Contemporain en passant par le Broad Museum.

MALIBU

Je me lève tôt. L’aube est d’un bleu virant sur l’orange, les palmiers se découpant avec une précision aiguisée sur ce fond acidulé. Au loin sur la route, la Lune me semble définitivement bien plus grosse que celle que nous connaissons, pièce cuivrée un peu effacée dans l’azur. Je n’y ai jamais été sensible, et mets donc mon sommeil en pointillés sur le compte d’une excitation palpable, l’impatience de vouloir visiter ce nouveau grand terrain de jeu que sont les plages de Los Angeles. À Malibu les vagues arrivent de tous les côtés, s’épanouissent et font même demi-tour pour aller se fracasser sur les suivantes. C’est ici le paradis des surfeurs débutants comme experts, l’un d’entre eux me confirmant que c’est bel et bien le meilleur endroit pour progresser. Et pendant que le sol tremble sous le poids des vagues, un public de mouettes se moque ouvertement des chutes fréquentes. Je suis les vélos le long de Venice Beach, où les roulettes font la loi : trottinette, skateboard et patins se partagent l’espace, dans lequel la seule règle en vigueur est de rester sur la piste. Musique dans l’air, bibelots au sol et peinture sur les murs, danses improvisées et musculation en plein air… Tout se mêle et se démêle, créant une fusion unique, hallucinogène, obsédante. C’est à travers la grande roue de la plage de Santa Monica que s’achève mon séjour chez les anges. Lumineuse, la Wheel of Wonders tourne lentement. Au premier plan, un père et sa fille sont à la recherche de coquillages enfouis sous le sable. Alors que le soleil décline dans leur dos et que les étoiles hollywoodiennes s’apprêtent à entrer sur scène, il semblerait que la chose la plus importante pour eux se passe sous leurs pieds.

Retrouvez l’album photos de mon voyage à Los Angeles sur Facebook.

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