[ENVOYÉ SPÉCIAL] Merveilles en haute altitude

Une nuit m’attend à bord de l’imposant Boeing 787 Dreamliner d’Air Europa, 10 000 km à parcourir par la voie des airs, bercé par le ronronnement de l’appareil, j’ouvre enfin les yeux et me voilà au Pérou. La langue française disparaît de quelques bouches puis bientôt de toutes, au profit de sonorités chaleureuses, accueillantes…

Je ne maîtrise pas l’espagnol et tente ma chance avec quelques mots d’italien ; cela fonctionne à peu près, et je pose beaucoup de questions mais n’en saisis pas toutes les réponses.  Le dépaysement peut commencer…

Cuzco

La ville impériale m’ouvre ses portes au cœur de la cordillère des Andes à 3400 mètres d’altitude. Le mal des montagnes me guette, mes poumons sous-développés pour cet oxygène rare se posent déjà quelques questions. La cité est entourée d’eucalyptus, cet individu australien pourtant si loin de son pays natal. Les toits en tuile espagnole gouvernent les lieux, jugée plus résistante contre les pluies dont la saison s’apprête à commencer. Mais je suis chanceux, car ici le veranillo – Été indien – bat son plein. Dans les villes, l’économie péruvienne prend la forme d’un triangle équilatéral partageant équitablement l’exploitation de minerai, l’agriculture et le tourisme. On m’apprend que le cochon d’Inde est l’un des plats nationaux, je promets d’y goûter en croisant discrètement les doigts. Dans mes oreilles, les musiques aux rythmes latinos résonnent en provenance de toutes les radios, des voitures aux maisons, toutes fenêtres ouvertes. Mes yeux verts étonnent, cumulés à mon visage pâle qui récolte de nombreux sourires timides de la part des locaux.

La Vallée Sacrée des Incas

Chaque kilomètre accumulé sur les routes syncopées du Pérou promet une végétation toujours plus abondante. Lorsque l’on redescend, c’est pour mieux remonter. Je croise des tuk-tuks de plus en plus nombreux, comme de vagues réminiscences de mon voyage au Sri Lanka. J’ai devant moi un trio de climats sur le même plan : la flore luxuriante au sol, une certaine sécheresse qui coure le long des montagnes et la fraîcheur polaire des neiges éternelles sur les sommets au loin. Un autre trio m’est également conté, celui des trois mondes incas matérialisés par trois animaux sacrés : le serpent pour le souterrain, le puma pour le terrestre et le condor pour le céleste. Fasciné, je m’arrête à Písac, l’un des sites archéologiques les plus majestueux de la région de Cuzco. Mon cerveau ne calcule plus les perspectives, les profondeurs, comme un délicieux avant-goût du Machu Picchu… Au loin, les champs de maïs s’étalent à l’infini, rassemblant plus de 50 variétés au goût, taille et couleurs divergentes. Les richesses sont ici naturelles, symbolique et archéologiques… un vrai régal.

Machu et Wayna Picchu

Ce matin j’ai le trac : je ne sais pas comment m’habiller, comment me comporter et parviens difficilement à contenir mon impatience. Et pour cause j’ai rencard avec l’une des sept merveilles du monde moderne, qui m’attend à la frontière de l’Amazonie. La ligne de chemins de fer de l’Incarail m’y emmène, une douce balade au cœur des montagnes, la lune veillant tranquillement au-dessus des cimes. Quelques heures plus tard, j’y suis : … Les mots me manquent, je ne verse pas de larme mais je ne nierai jamais ce frisson à la première vue du lieu. Entre le Machu (« vieille ») et le Huayna (« jeune ») Picchu (« montagne »), une cité inca toute de pierres vêtue niche paisiblement à 2700 mètres d’altitude. On ne connait pas le nom du village, découvert par les locaux au milieu du XIXème siècle. Sa construction mystérieuse remonte à 600 ans, impliquant pratiquement 3000 tailleurs de pierres. Mais assez de blabla historique ; ces 9 hectares méritent un adjectif qualificatif qui reste encore à inventer, mixant extraordinaire et vertige irréel. Le plus troublant est ce sentiment limpide que malgré les quelques 40 000 objets mis à jour sur le site, tout reste encore à découvrir…

Lac Titicaca – Épilogue

Je flirte avec la frontière bolivienne et m’échoue sur l’île d’Amantaní. Déjà bien ralenti depuis plusieurs jours, le temps s’arrête pour de bon. De la grêle tombe subitement au petit matin, événement surréaliste pendant lequel un local m’assure que c’est la première fois qu’il assiste à cela. Le tonnerre se joint à la fête et gronde sous mes pieds, orchestre surnaturel qui cesse aussi subitement qu’il a commencé. Cinq communautés cohabitent en harmonie sur l’île, enfants paisibles aux pieds de leurs parents de roche, le Pachamama et le Pachatata. Je découvre aussi les gens du lac, les Uros, peuple disparu qui vivait jadis sur des îles flottantes faites de roseaux complexes. Aujourd’hui, il ne s’agit là que de reconstitution, mais la brèche temporelle vers le passé est encore finement entrouverte. Le soir venu je m’endors au son des vagues s’écrasant sur les rochers en contrebas, et le trio condor, puma et serpent hante secrètement mes rêves

 

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