Portrait chinois de l’Égypte selon Nathalie, experte destination 

Parce qu’une destination peut avoir de multiples facettes, Nathalie nous dresse aujourd’hui un portrait original d’un pays qui la passionne : l’Égypte. Retrouvez ses impressions, ses ressentis et ses bons plans pour mieux comprendre ce qui constitue l’essence de la destination. Saveurs, odeurs, couleurs et chansons… Un voyage en Égypte sollicite tous les sens !

 Si l’Égypte était une légende…

Ce serait… Le mythe d’Osiris et d’Isis. Mythe fondateur de la résurrection et de l’amour éternel, il est au cœur de la spiritualité égyptienne.

Osiris, roi bienveillant, est assassiné par son frère jaloux Seth, qui disperse son corps à travers l’Égypte. Isis, épouse fidèle et déesse de la magie, entreprend une quête pour retrouver et reconstituer les morceaux de son mari. Grâce à ses pouvoirs, elle ressuscite Osiris juste assez longtemps pour concevoir leur fils Horus. Ce dernier, élevé en secret, affrontera plus tard Seth pour venger son père et restaurer l’ordre. Ce mythe incarne les cycles de mort et de renaissance, la puissance de l’amour et de la justice, et dicte tous les rites funéraires égyptiens. Il symbolise aussi le lien entre royauté divine et équilibre cosmique.

Les gravures dans le temple d'Isis, à Philae

crédit photo : jibz

Si l’Égypte était un plat…

Le koshari. Ce plat emblématique de la cuisine égyptienne est apprécié pour la richesse de ses saveurs et son caractère réconfortant. Il se compose d’un mélange de riz, de lentilles, de pâtes et de pois chiches, le tout nappé d’une sauce tomate épicée et d’oignons frits croustillants. Plat végétarien et populaire par excellence, il est vendu dans les rues comme dans les restaurants plus haut de gamme. Le koshari incarne la générosité culinaire égyptienne, mêlant influences méditerranéennes et orientales dans une assiette nourrissante, économique et savoureuse. C’est un symbole de convivialité et de simplicité, souvent considéré comme le plat national du pays.

Le koshari, plat emblématique servi partout dans le pays !

crédit photo : Muhammad

Si l’Égypte était une boisson…

Le karkadé. Il s’agit d’une infusion traditionnelle égyptienne à base de fleurs d’hibiscus séchées. Son goût acidulé en fait une boisson agréablement désaltérante. Très populaire, elle se consomme chaude (idéal pour se réconforter les soirées fraîches d’hiver !) ou bien glacée lors des chaudes journées d’été. Le karkadé est aussi réputé pour ses propriétés médicinales, car il facilite la digestion et aide à réguler la tension artérielle. Pour sa préparation, c’est très simple : il convient de faire infuser les fleurs dans de l’eau bouillante jusqu’à ce que le breuvage atteigne une teinte rouge vif. Sucrez ensuite selon les goûts. Bonne dégustation !

Le karkadé est la boisson typique égyptienne.

crédit photo : Mrakor

Si l’Égypte était un film…

Sans hésiter : Mort sur le Nil ! L’adaptation la plus marquante du roman d’Agatha Christie est sortie en 1978, avec un casting impressionnant : Peter Ustinov, Bette Davis, Mia Farrow… Tourné en Égypte, le film montre de superbes scènes en extérieur, notamment à Abou Simbel, Karnak, Kom Ombo, Philae, jusqu’au mythique hôtel Old Cataract à Assouan. Le crime se déroule à bord du Steam Ship Karnak (en réalité le Steam Ship Memnon), au style élégant et rétro. Ces décors ne sont pas choisis au hasard : Agatha Christie a séjourné au Old Cataract pendant l’écriture du roman et parcouru ces lieux qui ont nourri son intrigue…

La salle du dîner de l'hôtel Old Cataract, où séjourna Agatha Christie.

crédit photo : Adam

Si l’Égypte était une musique…

Ce serait celle de la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, l’une des plus grandes voix du monde arabe. Connue pour sa voix puissante et l’intensité de ses chansons, elle a marqué plusieurs générations du Proche et du Moyen-Orient. L’un de ses plus grands succès est la chanson « Enta Omri » (Tu es ma vie), composée par Mohamed Abdel Wahab, un longue complainte qui mêle passion, poésie et envolées vocales bouleversantes. Figure emblématique de la culture égyptienne, Oum Kalthoum reste aujourd’hui une référence incontournable, autant pour son impact culturel et politique dans le monde arabe que pour la richesse de son œuvre qui incarne l’âme de l’Égypte du XXe siècle. Vous entendrez certainement résonner sa voix dans les rues du Caire lors de votre visite…

Le oud est joué partout dans les rues égyptiennes.

crédit photo : nayefhammouri

Si l’Égypte était une couleur…

Une couleur essentielle en Égypte est le vert. Il symbolise la vie, la prospérité et le renouveau. On le retrouve sur les rives luxuriantes du Nil, dans les champs du Delta, au sommet des palmiers et autour des papyrus qui bordent les eaux… Associée au dieu Osiris, cette couleur incarne la renaissance et la fertilité des plantations qui prennent le pas sur le désert aride. Dans les fresques et les amulettes, le vert protège et soigne. Ce n’est pas une couleur secondaire : c’est celle d’une Égypte qui respire et qui nourrit, au rythme du fleuve.

En Égypte, le vert symbolise les rives fertiles du Nil.

crédit photo : olyasolodenko

Si l’Égypte était un animal…

Gracieux, mystérieux, souverain mais silencieux… Le chat, bien sûr ! Il est vénéré comme protecteur dans l’Égypte antique, associé à Bastet, déesse protectrice du foyer, de la fertilité et de la joie. Symbole de vigilance et d’élégance, il incarne l’équilibre entre douceur et puissance, entre monde terrestre et divin. L’Égypte est, à l’instar du chat, fascinante et insaisissable, élégante et éternelle.

Le chat est vénéré dans l'Antiquité égyptienne.

crédit photo : T.Den_Team

Si l’Égypte était un parfum…

L’odeur du narguilé et de sa fumée parfumée aux fruits, à la menthe ou aux épices. Il s’agit d’un rituel social très présent en Égypte, dans les cafés du Caire ou sur les terrasses d’Assouan : le narguilé accompagne les discussions, les parties de cartes ou simplement les moments de pause. Les volutes de vapeurs douces créent alors une ambiance détendue, presque suspendue, propice à la méditation et au ralentissement. Hérité de traditions anciennes, le narguilé incarne le partage et le plaisir d’être ensemble.

Un salon de thé du Caire, où l'on fume le narguilé.

crédit photo : efesenko

Si l’Égypte était un souvenir à ramener…

Ce serait forcément une feuille de papyrus décorée, un incontournable ! Les scribes de l’Antiquité utilisaient les feuilles de papyrus, issues de la plante du même nom, pour écrire et peindre. Les feuilles de papyrus sont souvent ornées de hiéroglyphes, de scènes mythologiques ou de portraits de pharaons. Facile à transporter et très esthétiques, elles symbolisent l’histoire millénaire du pays. On en trouve dans les souks, les musées ou les ateliers spécialisés, parfois accompagnée d’un certificat d’authenticité. C’est un objet décoratif, mais aussi un clin d’œil à la culture égyptienne. Le format marque-page accompagnera vos lectures au quotidien et se prêtera parfaitement à un cadeau simple et attentionné.

Un magnifique cadeau à ramener : un papyrus égytien recouvert de hiéroglyphes

crédit photo : Paolo Gallo

Si l’Égypte était une sensation…

Pour moi, la sensation que l’on ressent durant tout le voyage est celle d’être tout petit. C’est l’étourdissement, enveloppé par un air chaud et accompagné seulement du crissement du sable sous ses pieds, face au désert à perte de vue. C’est l’humilité devant des monuments gigantesques ou au pied de statues impressionnantes de silence et de force. C’est aussi l’agitation des villes, les klaxons, les voix, les odeurs d’épices qui flottent dans les marchés. Ce contraste entre calme et chaos, entre immensité minérale et vie débordante, définit tout à fait la destination et vous imprègnera très longtemps après votre retour.

Au temple d'Abou Simbel, on se sent tout petit...

crédit photo : Jorge Fernandez

Si l’Égypte était une expression…

Un « Elhamdulillah » (« Grâce à Dieu »), prononcé avec douceur ou ferveur. Cette expression ponctue les gestes du quotidien, les retrouvailles, les repas, les instants de paix. Elle exprime la gratitude profonde, le soulagement sincère, et parfois une acceptation silencieuse face aux mystères de la vie. Elle est révélatrice de l’âme égyptienne : résiliante, croyante, chaleureuse, capable de trouver la lumière même dans les épreuves. C’est une parole qui apaise, qui rassemble, qui élève comme un souffle sacré dans le tumulte du monde.

La joie de vivre égyptienne est incarnée par les enfants qui jouent sur les rives du Nil.

crédit photo : Cavan

Si l’Égypte était un lieu emblématique…

Discrète et loin des circuits classiques, l’oasis de Siwa m’apparaît comme un lieu emblématique du pays. Il s’agit d’un monde à part niché entre dunes et palmeraies au cœur du désert occidental. On y parle une langue berbère ; les maisons sont construites avec un mélange de sel et de boue appelé kershef ; la vie suit le rythme des palmiers et des sources naturelles. Le temple de l’Oracle d’Amon, lié à Alexandre le Grand, donne au lieu une touche sacrée. Siwa ne se visite pas comme les autres sites : on la découvre lentement, en prenant le temps. C’est une Égypte simple et préservée, où la nature, les traditions et l’histoire se croisent dans une atmosphère paisible et profonde.

L'oasis de Siwa déploie des couleurs insensées !

crédit photo : Mo Willy